Douce lumière du soir, témoin des heures brèves,
Tu t’endors avec moi, berceuse de mes rêves.
La nuit bleue s’ensommeille sous son voile de brume,
Dérobant les étoiles que le ciel lui allume.
Où êtes-vous sombres rives du jour prochain ?
Quel mystère vous habille en attendant demain ?
La bise qui s’est levée s’étiole et s’effrange,
Ecorchant sa chanson au pignon de la grange.
La colline s’arrondit sous la lune naissante
Qui auréole d’argent son épaule tombante.
Des notes échappées du clocher assombri,
S’envolent en mourant au souffle de la nuit.
La ville dans le creux clignote de tous ses yeux,
Scintillants papillons de néon et de feu.
Lorsque la bise se tait, on entend des clameurs
Qui s’enflent et décroissent pour devenir rumeur.
Bientôt viendra la paix, la grande paix des champs,
Seulement troublée par des vols froufroutants,
Des courses furtives, de soudains craquements
D’une poutre qui se repose au-dessus des gisants.