Coulez, encres du soir vos braises et vos feux
Coulez, le corbeau freux
S’envole vers l’ailleurs .
Le ciel est nu de peurs
Et la plaine muette
Coulez rouges liqueurs
Transportées par le vent de l’horizon lointain,
Quelle est cette patience crispant les chemins
Avant l’aube nouvelle ?
Un sirop carminé glisse le long des arbres
Et la brise murmure douce ritournelle
Pourquoi dors-tu dessous le marbre ?
Tes yeux étaient des lacs et tes cheveux des prés
Coulez, derniers échos de l’hiver qui se brune
Un bel oiseau tout noir vient juste d’aiguiser
Sa faucille discrète et découpe la lune.
Ce matin la lumière dessine robe blanche
Autour du cerisier
Le ciel est étonné
Vers l’arbre rond se penche ..
Un sourire de miel
Voudrait croquer les fruits encore suspendus
Au vertige des nues...
Ce matin de beaux cœurs saignent au bout des branches
Et le satin frileux
Des nuages duveteux
Se replie lentement où l’horizon déhanche
Son pas un peu courbé.
Pourquoi es-tu inquiet mon joli merle brun
Ton regard - a-t-il peur de perdre son or fin ?
Ce matin à l’endroit où s’épousent le jour
Et la nuit
Un oiseau
A laissé s’échapper l’astre de son regard
Les cœurs sont des miroirs..
La Nature était nue
Partez, mes corbeaux freux
Dites à la contrée
L’arbre s’est incarné
Au printemps revenu...