J’ai gravé nos deux cœurs sur le bois de mémoire
D’un chêne centenaire tout bruissant et fier ;
Mais que sont devenus les serments de grimoire
Que ce géant des bois abrite dans sa chair ?
Sur l’écorce ridée par l’âge de sagesse
J’ai gravé nos deux noms au stylet de l’amour
Et nos vœux de bonheur, à l’éternelle ivresse,
Traverseront les ans sans le vieillir autour.
Si fredonne le vent dans ses tendres ramures
Et si des gouttes d’or embrasent ses verdures,
C’est bien que le grand arbre a choisi son blason,
Une flèche et deux cœurs survivant aux saisons !
Et je t’ai vue graver notre amour sur l’écorce,
Quand j’aurais tant voulu sur ma peau ton serment ;
J’aurais alors, sais-tu, trouvé l’insigne force
D’être en cette forêt ton éternel amant.
Tu gravais nos deux cœurs au fronton du bois fier
Mais je ne savais pas que les chênes aussi,
Meurent quand le temps l’a décidé ainsi ;
Maintenant je le sais, car il est mort hier.
Plumes-soeurs
2003-2007