Le cygne
J’aimais vous retrouver lors de ma promenade
Aux berges de l’étang des sereines amours
Où mielleuse voix aux courtisans discours
Ne trouve point écho à sa flatteuse aubade.
Les plumes en corbeille, vous m’attendiez là,
Vous penchiez votre cou vers le blanc de mon sein,
Je caressais de vous, du blanc doux de ma main,
Cette offrande d’amour qui signait mon émoi.
Votre corps ondulait en lames de désir,
Un invisible archet accompagnait l’élan
Qui vous portait vers moi au souffle de l’Autan,
En courbes de douceur belles à défaillir.
J’eusse aimé vous rejoindre à l’onde matinale
Sous un voile de brume à l’abri de vos yeux ;
Ou d’un saule pleurant les sanglots vaporeux
De l’astre solitaire à l’heure vespérale.
Me jetant dans les eaux qu’émouvait votre course,
Je me serais donnée, oublieuse des ans,
Vous le fleuve de blanc et moi votre affluent,
J’aurais monté le cours de l’amour à sa source.
Mais le temps est venu des arbres aux bras nus
Et des rides figées des visages de glace ;
Vos plumes ont pleuré les larmes retenues
Votre parade hélas ! devient une valse lasse.
J’aimais vous retrouver – Mais vous êtes enfui.
J’eusse aimé vous rejoindre aux berges de la vie,
Mais voici que ce soir la mort nous a fait signe …
Et j’entends l’adagio jouer la mort du cygne
Plume-sœurs
31 mars 2006
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