J’ai beau agiter la plume
La secouer avec force
Chercher toutes les orientations possibles
Toutes les différentes positions
La direction du vent... du soleil
De suivre les girouettes sur les toits
Le sens du balancement des cyprès
L’encre gelée dans son étanche étui
Elle refuse toute réanimation
Je décide de la mettre à la belle étoile
Sous les effluves d’un soleil zénithal
Dans un bain de lavande, basilic, romarin...
Dans l’eau chaude d’une source thermale
Elle refuse de s’emballer... !
Elle veut rester dans son hibernation
Dans l’incarnation du corps d’un naufragé
Parmi les épaves d’un navire ensablé
D’un arbre qui meurt dans la dignité...
Malgré mes longues caresses
Malgré mes prières les plus sincères
Elle reste elle - même : impénétrable
Je change la plume pour une autre
L’encre pour une autre plus fluide
Je multiplie les feuilles les plus chatoyantes
Les vierges, les colorées, les plus lisses
Toutes les plumes changées se révoltent
Je prends une page trempée de rosée
De minces plaquettes d’argile
Et à l’aide d’un stylet de mes ancêtres
D’un scalpel recueilli après une opération
Je romps le silence de mes inspirations
En m’infiltrant dans l’autre essence
De cette matière qui fait partie de moi
Et de cet union d’enracinement
Ma main sort de l’ombre de sa gestation
Je sculpte dans un silence de piété
Les signes informels d’une vie
Je laisse de côté mes plumes rebelles
Et je suis l’éternel parcours
D’une écriture confrontée aux mille...interdits
Dimanche 22 décembre 2002