J’ai rêvé d’une terre arrondie en ballon,
D’une planète paisible vautrée de tout son long
Dans le simple plaisir qu’éprouvent des enfants
A rire et à courir derrière l’objet gonflant.
J’ai rêvé de visages de toutes les couleurs,
Assemblés au stade, oubliant leurs malheurs.
J’ai rêvé des héros aux antiques lauriers,
Remisant pour un temps leurs euros en papier.
J’ai rêvé d’une masse humble et désargentée
Invitée sans façon à la fête enchantée.
J’ai rêvé...
Et me suis éveillé...
De mon rêve j’ai chu
Et j’ai vu bien déçu...
Des sièges réservés
Aux hôtes fortunés.
Des écus qui valsaient,
Des fauchés qui pleuraient.
Des cris banalisés,
Des gens fanatisés.
Des arbitres hués,
Des paris bien truqués.
Des télés empressées
D’allonger la monnaie...
Il ne reste plus aux joueurs embourgeoisés
Qu’à bien concrétiser leurs exploits supposés,
Pour nous faire oublier les excès précités
Et me faire regretter mes mots acidulés.