Sur un tas de fumier il y avait un coq
Comme tous les matins il aidait le soleil
A prendre son envol par dessus la bicoque
Où je désespérais de trouver le sommeil
L’oiseau ne manquait pas, disons le, de toupet.
Les anciens le savaient et pour avoir la paix
Ils offraient leurs clochers au pénible poulet
Qui indiquait au vent de quel côté souffler.
Je crois cet animal mégalo-mythomane
Campé sur ses ergots là haut dans la toiture
Peut être pense t’il guider la tramontane
Soulever le soleil, maîtriser la nature ?
Inlassable amoureux, il fait rêver les poules
Sans réel argument qu’une très grande goule.
Querelleur, arrogant, il est bien trop français,
Il nous ressemble trop, je me sens offensé.
J’ai par moment j’avoue des envies de ragoût.
Mijotant dans un vin dont il prendrait le goût,
Le fier galinacé ferait moins le bavard,
Entre deux oignons, nu dans un bain de Pomard.
Une question pourtant me met dans l’embarras.
Si notre cher soleil requiert vraiment sa voix,
Que se passera t’il le jour où se taira,
Dans le dernier hameau, le dernier coq gaulois ?