Ô condamnés amour, ils attendent leur tour,
Amoureux de longtemps, séparés de toujours.
Le choix s’est imposé au milieu d’un sourire
Ils vivaient le meilleur sans se soucier du pire.
Le pire est la prison et ses barreaux dorés,
Son parloir de minuit pour deux cœurs adorés
Quand le vent persifleur échevelé de maux
Brûle de désespoir l’iris et les émaux.
Le meilleur vient le soir quand le rêve s’échappe
Et franchit les hauts murs, escalade les toits,
Que la Lune complice accompagne l’émoi
Des heures arrachées à ce temps qui les happe.
Ô condamnés le jour à taire leurs aveux
Délaissant les corbeaux à leur maigre pitance,
Les "on-dit", les "peut-être", ils s’aiment en silence
Flamboyant la passion et l’envol vers les cieux.
Evadés de la nuit quand les volets retombent,
Que les rêves enfin surgissent de la tombe,
Condamnés à s’aimer, Dieu sait qu’on les jalouse !
Et se cherchent les mains lorsque leurs mots s’épousent.
Ils attendent sans fin la douce récompense,
Composent leur destin souriant à demain,
Unis à tout jamais, l’or et le cristallin,
Sentiments éternels, l’amour en abondance.
Ils attendront toujours que s’éteigne leur faim,
Et que s’ouvre une porte appelée liberté ...
Mais a-t-on déjà vu l’hiver suivre l’été ?
Les condamnés amour croient encore en demain.
Plumes-soeurs
26 Janvier 2007