Si des mots décochés comme des flèches t’ont touché,
Si d’autres maux sur un lit, souffrant, t’ont couché,
Si l’amour de ta vie au loin s’en est allé,
Si le temps pour toi depuis s’est emballé,
Conserve malgré tout un tison allumé
Pour que le bonheur enfui se guide à sa fumée.
Et puis chante quand même car dans tes prunelles
Veille un peu de bleu posté en sentinelle.
Si ici ou ailleurs des hommes te font la guerre,
Si l’insulte et la haine leur servent de lance-pierres,
Si le vide de ta vie est trop lourd à porter,
Si la lueur entrevue ne peut faire qu’avorter,
Espère malgré tout en ce jour qui paraît
Car souvent le malheur l’emporte par forfait.
Et puis aime quand même car dans tes prunelles
Scintille une eau de vie tout comme une étincelle.
Vivre, espérer, chanter , aimer, encore et toujours
Auréoler de rose la ronde folle des jours.