Rien n’a changé d’hier, le dos du pont bossu,
Les jets silencieux des eaux d’adolescence,
L’herbe qui nous attend fidèle à notre absence,
Rien n’a changé que nous, et tout me semble nu.
J’ai retrouvé le pont, j’ai retrouvé les bancs,
J’ai retrouvé les fleurs, une seule manquait,
Le cygne qui croisait nos regards enlacés,
J’ai retrouvé l’émoi de nos premiers moments.
J’ai compris que la vie n’avait d’autre souci
Que d’ajourner la joie, d’avorter le bonheur
Et soudain j’eus envie de pardonner l’erreur
Qu’à l’insu de l’amour innocent tu commis.
Tu n’étais qu’une enfant au corps souple de femme
Qui m’aimait, je le sais, comme on aime à vingt ans
Et moi je n’ai pas su entretenir la flamme,
J’ai préféré te fuir et courir au néant.
Et ce soir où es-tu quand je te voudrais là ?
A mon tour de pleurer comme toi tu pleuras.
L’écho de nos serments s’est à jamais perdu ;
Une fleur, une seule, au parfum qui s’est tu.
JM
7 mai 2007