Il tricote pour elle un sonnet de vers laine
De mots doux, de mots durs, à l’endroit, à l’en-vers,
De silence et de trous, quand ses sanglots amers
Tombent sur l’ouvrage et l’acide de peine.
Elle ébauche pour lui un sourire de reine,
Qu’il accueille méfiant car son cœur est blessé ;
"Veux-tu m’apprivoiser, osa-t-il demander ?"
En regardant la Lune briller froide et pleine.
Il parlait à la Nuit, il parlait aux étoiles,
Il croyait son ennui éternel et voulait
Malgré tout se donner et pourtant il n’osait,
Craignant qu’à l’aube un vent ne dissipe les voiles.
Elle chantait à cœur et fredonnait bonheur
En murmures joyeux ; que s’opère le charme
Des mots doux de la nuit qui guérissent les larmes !
Elle aimait la tendresse apposée sur ses heures.
Il oubliait sa peur de la nuit qui chuchote
Et cachait son angoisse au sein chaud d’une muse
Son cœur en confiance, apaisé de la ruse,
Flot pur d’une rivière qui pourtant sanglote.
Elle sut son passé aux vagues de ses larmes
Les chaines de son ancre à l’impossible rouille
Son amour fit relâche au port où son cœur mouille
Et promit son futur à l’ombre de ses charmes.
Août 2006