Tu acculais le doute de la main,
Il finissait sa route dans un coin,
Au souffle du lit.
Tu gouvernais la nuit de ta lumière,
Tu subjuguais le temps qui se sauve,
Il s’arrêtait.
Ma main passe sur la taie de l’oreiller sourd.
Qu’il est lourd le regard quand la fièvre s’est tue !
Je baise le souvenir d’un rêve, l’île déserte du ventre,
Plainte calme du soupir.
Je voulais être torrent et je ne suis qu’un ru.
Fontaine de mes nuits,
Tu perles le silence ;
Et plus la nuit avance,
Plus s’exile ma soif.
Ma rivière et mon ciel et ma chute
Se lisaient dans tes yeux.
Tu les as détournés.
Qu’il est lourd le regard quand la fièvre s’est tue,
Fauchée par le hasard.
Tu es fontaine, fontaine de silence.
*
Il me revient pourtant un velours ;
Celui de tes yeux de serment brun,
Celui de ta main retenue ;
L’émail de ton rire à mon rire accordé,
Une chaîne de rêves escaladée à deux,
En cime l’avenir, la vallée du passé.
Le vertige à t’attendre cessera-t-il un jour ?
La fontaine d’amour que l’automne surprend
Peut réapprendre l’eau, et pleurer sur ta joue,
Et ma main s’avancer...
Quand, le doute aboli,
Nous finirons la route
Au souffle du grand lit,
Le temps mis en déroute
Et la nuit gouvernée,
Ta fontaine vivra.
Novembre 2007