Réjouissez vous enfin mes amis, je suis de nouveau heureuse
Comme une midinette, je suis encore et toujours amoureuse.
Oublié mon homme, trop mou, trop lourd, trop fade pour moi ;
C’est sûr, pour lui, je n’aurai jamais joué la traviata.
Il me les faut tous, ces héros de légendes en papiers ;
Pour des siestes coquines, je ne suis point rassasiée.
Je me ferai Zorro, Fanfan la Tulipe et Cirrano,
Ils sont gentils, touchants, de drôles de numéros ;
Je prendrai aussi si c’est possible, le beau Roméo
Mais, il a expiré par l’épée, sous les charmes de juliette.
Elle lui a joué la tragédie, la garce, avec de jolies risettes.
Pas juste, la chance est toujours du côté des donzelles
Qui pour plaire n’hésitent pas à chanter leur ritournelle
Pas grave, Roméo était trop mièvre pour une passionnée
Moi ce que je veux c’est de monter sur scène et jouer
Je n’hésiterai pas pour cela à tomber dans la ruse
J’appellerai même s’il le faut à l’aide mon infidèle muse
Toi mon amour, tu as su me conquérir de tes mots, de tes gestes
Tu me prends aux tripes, les noues dans un cri de douleur
Tu as su te faire joueur, enjôleur, frondeur, froideur, chaleur
Mais depuis quelque temps, tu te disperses dans ce que je déteste
Le foot, la bière, les copains tout en regardant d’un air innocent,
Les fesses des jeunes et jolies filles au décolleté plongeant.
Ce n’est pas que je sois jalouse mais je ne tiens pas à passer mes nuits
A tricoter inlassablement des capuchons étanches pour ton zizi.
Je ne tiens pas non plus à jouer la Belle au bois dormant,
Attendant pendant un siècle son prince charmant, pauvre amant.
Se farcir une vieille à la peau ridée, franchement, il doit être en manque.
Moi, je l’aurai tombé sur le lit, tourné et retourné puis repartir en planque.
Malheureusement je n’ai plus vingt ans et d’hommes à mes pieds
D’ailleurs ceux que j’ai eu étaient méchants et surtout fêlés.
Pour écrire des conneries pareilles, j’ai pris une belle cuite
Vaut mieux ça que dans le suicide prendre la fuite.
Plus de rêves pour colorer mes jours, mes soirs sont tout noirs.
Je reviendrai demain ou après-demain vous sortir mes cauchemars,
Ils m’encombrent depuis trop longtemps mon cerveau déglingué.