Enfant je regardais émerveillé
les centaines de parachutistes sauter
dans mon jardin de Buja
où plus personne n’ira
inconscient de la portée réelle
de ce balai magique noircissant le ciel
préparant de bien tristes évènements
qui rendront les enfants d’Afrique plus sombres encor
Enfant, je jouais avec les enfants
du personnel mis à notre disposition
par l’administration coloniale.
Innocents les yeux d’un enfant,
ils ne portent pas loin,
à peine au bout du jardin,
inconscient qu’à deux quartiers de là,
les mêmes enfants avaient malheureusement
bien d’autres préoccupations...
survivre tout simplement,
dans un monde que l’industrie pillait,
déjà, sans se soucier un seul instant
des dégâts irrémédiables qu’elle causait
Enfant, je découvris le monde des blancs,
je suis rentré d’Afrique à sept ans,
une terre inconnue couverte de blanc,
(miraculeux la neige, dans les yeux d’un enfant)
un peu effrayé par le bruit, l’agitation et le froid,
plus grand j’ai découvert, incrédule
ce monde que l’on m’avait vendu
équitable, juste, libre, fraternel(*)
et qui n’était que plein d’effroi et cruel
tournant comme une bancale pendule
douloureux d’ouvrir les yeux quand on est adolescent
(*= mon père était, lui, un vrai vieux rêveur)
Quand je serai grand,
je m’occuperai d’enfants
et c’est ce que j’ai fait pendant longtemps
mais la vie est ainsi faite
que j’ai eu à mon tour des enfants
considérant alors nécessaire
de changer mon emploi du temps
le remplir autrement pour être à même
d’offrir à mes enfants le confort que j’ai eu.
Est-ce si égoïste que cela,
de modifier pour un temps,
la liste de ses priorités,
sans oublier pourtant,
tous ces regards perdus d’enfants ?
Moi je suis resté dans l’âme,
et aux yeux de ma femme,
un vieux Peter Pan,
plus qu’un chevalier blanc...
Je n’ai pas l’ambition de redresser les torts,
sauver la veuve et l’orphelin,
je dois m’y résoudre,
je ne referai pas le monde,
seul on n’est rien !
Mais si je peux refaire sourire un seul de ces enfants
je pourrai peut-être considérer enfin,
avoir rendu à la vie,
un peu de ce qu’elle ma si généreusement donné,
et si chacun de nous, chaque ami, chaque voisin,
en faisait de même, est-ce illusoire de penser
que l’on peut encore sauver l’humanité ?
PS :
Face à l’inertie des ‘âmes bien nées’
et qui se complaisent à nous gouverner,
faut-il baisser les armes,
ou mobiliser d’autres plumes,
(celles qui n’ont jamais oublié le duvet qu’elles ont été)
pour faire s’écouler encor bien plus de larmes
dans notre encrier..
le faire déborder jusqu’aux portes des temples
de la politique, de la religion, de la finance, de l’armée..
jusqu’aux portes universelles...
de la honte partagée !
Quoi ? Vieux rêveur, moi ? !
Vieux rêveurs vous-même !
Jean-Marin, Jean-Claude et toute votre bande d’illuminés ! Vous qui éclairez nos soirées et nos regards... par écrans interposés
(En voulant laisser un commentaire... je me suis laissé emporter...) Je vous encourage à lire "les baraques bleues de Jean-Claude Jugan et "enfants perdus" de Jean-Marin
avec toute mon amitié,