Le sais-tu j’ai les yeux noirs,
le sais-tu mon âme d’encre et d’ancre s’enchaîne,
le sais tu la gorge serre,
tu dis rappelle tu verras bien,
au bout du conte, au bout du fil,
je le sais,
d’avance je l’ai su,
je rappellerai et il n’y aura pas de voie.
Le sais-tu je les retiens,
la peine, l’agacement,
je les maintiens, à distance,
l’agacement je peux,
il est une colère qu’on étouffe, moi j’y arrive,
la peine c’est plus dur,
la peine c’est autre chose,
le sais-tu
et ça me met en boule au fond des coussins,
qu’on ne s’approche,
qu’on ne me touche,
qu’on ne me voit,
je ne suis rien,
pas même le médiator au bout de tes doigts,
je suis trop petite,
l’amer est trop vaste, si houleux.
Le sais-tu je suis couleur ternie,
couleur bernée,
dolorosa,
Lola bluesée,
Lola jazzée,
archet cassé,
piano sans accord,
cor essoufflé.
Le sais-tu,
je suis petite...