Si je fermais les yeux
Pour garder souvenir
Des bruissements du monde,
Des couleurs de l’automne
De la bise d’hiver et ses fourches butées ?
Si je fermais les yeux
Pour encore mieux sentir
Sous mes doigts en souci
Les pages écornées
L’histoire répudiée de ma planète terre ?
Si je fermais les yeux
Pour entendre les notes
Des bruyères assoiffées
Qui boivent sous les pins
La lumière pacifiée de ce printemps tout neuf ?
Si je fermais les yeux
Et que mes pas ignorent
Les ornières tendues...
Croire encore à l’obstacle
Comme une réjouissance posée sur l’invisible.
Et si j’ouvrais les yeux pour embrasser ta voix ?