SONGES
*
L’étoile
Certains soirs il fait bon sur la plage s’asseoir
Pour regarder le vent jusques au fond des yeux,
Et puis convoquer Dieu
A venir au parloir.
Agrippés aux barreaux de nos prisons de chair,
User la liberté que l’étoile nous laisse
De boire sa lumière,
Ou ténèbres épaisses.
Le pas mêlant le sel aux embruns clairs-obscurs
Fouler, mais solitaire, une dernière terre,
Qui s’offre en un murmure
A la première mer.
Savoir que de nos pas,
Il ne restera pas seulement une empreinte,
De la page un seul mot, sur la dernière plage,
Et malgré nos étreintes …
Le savoir et s’asseoir, le soir, face à la mer,
Pour regarder l’étoile
Qui teinte d’infini cette nuit carcérale
Aux brisants de la Terre.
Mai 2006
*
Amour
Aiguisant mon attente
Au fourreau de tes lèvres,
Le roc de ma jeunesse
Poussait contre le ciel
La voile d’un esquif
Qu’un vent avait perdu
S’accrochait à la mer
Et dansait avec elle
Lorsque tes reins ployés
Se creusaient en mourant
Aux vagues insoumises
Du désir qui nous prend,
A l’écume des jours
Ne restait que lumière
Qui rejetait la mort
Aux portes du néant.
Nous sommes grains de sable
Sous un diamant de Lune,
Le silence écarté
Par un seul mot toujours :
« Amour ».
Mai 2006
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