Elle passe sa vie à l’attendre. Mais sa vie, sans lui, ce n’est rien. Juste des jours qui défilent, des poignées de secondes qui s’égrainent en vain. Par la fenêtre, elle guette son retour, il a dit qu’il venait ? Elle ne sait plus très bien.
La pendule martèle la course du temps qui file, elle connaît par cœur le bruit du carillon, un quart d’heure de moins, cela la soulage, chaque instant tourne une page et une nouvelle s’écrit. Au fur et à mesure, elle abreuve de soupirs inutiles le livre de son existence, plus de murmures que de cris. Cela vaut mieux que le silence même si la voix du vent la pétrifie. Elle croit y reconnaître la sienne, dans le souffle versatile qui chante sa nostalgie. Mais il n’y a que du vide, il n’y a que l’absence, et ses nuits s’émiettent à l’infini.
Depuis quand l’attend-t-elle ? Combien de semaines se seront écoulées ainsi ? Elle perd la notion de sommeil tant ses pensées braquées vers lui la rongent au gré des insomnies. L’aube et le crépuscule se poursuivent à toute allure, tandis qu’elle se languit, pensant à son futur lorsqu’elle sera auprès de lui. Lui qui ne donne pas de nouvelles, qui dit seulement qu’un jour il reviendra. Ça lui suffit pour attendre et à finir par aimer ça.
Jusqu’au moment propice où les saisons changeantes auront eu raison de son espoir, que ses rêves supplices auront pris la tangente et qu’elle remplira sa vie d’autre part. Alors sans même s’en apercevoir, et sans l’avoir voulu, ce matin-là, ce soir-là, elle ne l’attendra plus.