La boite aux lettres reste là immobile, bouche bée, espérant encore une réponse de vous.
J’ai beau la raisonner, lui expliquer pourquoi.
Elle ne veut pas comprendre que l’on puisse envoyer une lettre d’amour sans espoir de retour.
Elle s’amusait beaucoup de nos correspondances.
Dans la règle consentie, l’amour était hors jeu.
J’ai tout fait, je le jure, pour étouffer dans l’œuf ce foetus romantique, palpitant dans mon cœur.
Oui, je l’ai malmené, le jetant au panier
Oui, je l’ai insulté, rambarré, piétiné,
Je l’ai traité d’Alien,
Je lui ai dévoilé les tares de ses ancètres,
Je lui ai raconté toutes les tragédies dont l’amour est la cause,
Je lui ai chanté les airs de guimauve pour qu’il ait la nausée et qu’il aille se pendre.
Il s’est tu.
Le laissant là pour mort, j’ai suivi le chemin de vos mots à vos mains.
Et puis un matin, je l’ai vu dans la glace, collé à moi comme un frère siamois.
Alors, nous vous avons écrit cette dernière lettre.
La dernière lettre , mon amour, à laquelle vous n’avez pas répondu.
Ristretto.
21/02/09