Poètes, sans regrets laissons là le sonnet
Qui me semble étriqué pour enfin rendre hommage
A ces dames de bien dont le cœur à l’ouvrage
Les fit souvent œuvrer jusqu’à potron-minet.
L’une était nymphomane et l’autre proxénète !
Fernande, la seconde, hanta les beaux quartiers
Du Paris d’après-guerre en offrant aux rentiers
Les charmes tarifés de quelque midinette.
Le fisc et la morale eurent pourtant raison
De cette sainte femme et de son entreprise
Au grand dam du gratin quand l’éminence grise
Quitta sa maison close et dormit en prison !
La première sévit, si j’en crois Suétone
Et son ami Tacite, évidemment d’accord,
Au début de notre ère et battit un record
En usant tant d’amants que sa prouesse étonne !
Rome s’en offusqua, maudissant Cupidon
Et Claude Imperator, l’époux marionnette
Que taxait en amour de tiède et mou Linette,
Au point de, chaque nuit, franchir le Rubicon…
Mais l’Histoire est cruelle ! Une dague assassine
Scella sa destinée un soir de bamboula
Alors qu’elle rentrait chantant a capella
Une ode à ses galants, la tendre Messaline…
Avril 2015
*Suétone et Tacite : historiens romains du 1er siècle de notre ère