On a marché là-haut dans l’espace, la lune,
On est allé plus loin que l’Etoile du Nord,
On a couru longtemps, on a frappé plus fort,
On a bien dévasté les fleurs de la callune.
Mais nous on s’en fout, ma mie
Tant que nous serons ensemble
Que la Terre meure ou tremble
Que le ciel soit plein de trous,
Mais nous on s’en fout.
On a franchi l’espace, on a tué le Temps,
On a bien décimé les peuples, les peuplades,
On a canalisé nos idées de nomades
Dans des tuyaux blindés où macère l’argent.
Mais nous on s’en fout, ma mie,
Toi tu fais des confitures
Moi je rêve à la nature
Et ton sourire est si doux
Mais nous on s’en fout.
On a bien enterré nos rêves innocents
On a exacerbé des cauchemars immenses,
On a bien déchaîné le meurtre, la violence
Dans un monde pourri, dans un monde de sang.
Mais nous on s’en fout, ma mie,
Toi tu chantes en sourdine
Moi je conte mes comptines
Les deux mains sur mes genoux,
Mais nous on s’en fout.
On a déraciné la beauté de nos rêves,
On a déguenillé la poésie des temps
On a enseveli les souvenirs d’antan.
Et l’amour ? Pauvre amour qu’on avilit sans trêve !
Mais nous on s’en fout, ma mie,
Tant que nous serons ensemble,
Tenons dans nos mains qui tremblent,
Tenons bien ces doux instants.
Retrouvons dans nos mémoires
Toutes ces vieilles histoires
Qui nous font le cœur content.
Mais nous on s’en fout, ma mie,
Quand on parle du vieux temps
Et de nos anciens printemps
Loin de ce monde de fou,
Mais nous on s’en fout...