Tôt levé ce matin, j’entrouvris la fenêtre
sur un quartier encore épargné du charroi,
le soleil à lui seul faisait bruire la rue,
une brise en surcroît se tenait, vigilante,
prête à calmer d’un souffle une ardeur méditerranéenne,
et la campagne au loin s’apprêtait aux caresses :
c’était une heure enfin de grande connivence...
Est-ce la sensation de n’avoir plus jamais
un spectacle aussi pur que ce matin de mai
qui fit monter en moi cet unique désir
de quitter aujourd’hui ce monde ensoleillé
sous un ciel étranger à toute contingence,
libre dans son ampleur de suaire étendu
et s’arrogeant le droit de régir l’heure ultime ?
Je n’étais plus déjà qu’un souvenir récent
planant sur la terrasse, à l’orée du jardin,
où quelques jeunes gens, parlant tous à la fois,
distrayaient une dame encore vêtue de sombre
et, la tasse à la main, en cet après-midi,
jouissant eux aussi d’un ciel encor plus bleu,
pensaient, chacun pour soi, qu’un jour ensoleillé
rend la mort plus conforme à la nécessité.