Une femme, une ondine au corps souple et doré
Demi-nue allongée sur une plage immense,
Elle semble dormir mais ses grands yeux noyés
Sont ouverts sur le bleu d’un ciel désespérance…
Des grains de sable doux sont collés à sa peau
Et se fraient un chemin entre les jambes offertes,
L’abandon de la vie est là comme un fardeau
Il n’y a plus d’espoir ! la mort a fait le reste…
Un petit crabe blanc vient mordiller un doigt
Les ongles transparents reposent inutiles,
Elle ne verra jamais ce pays où les rois
Ont bâti des palais pour des plaisirs futiles…
Le frêle esquif bondé par tant de solitudes
A chaviré hier soir sous la lune d’argent,
Elle a nagé longtemps sans d’autre certitude
Que cette envie de vivre la poussant en avant…
Ses forces l’ont trahie, la mer a pris ses rêves
Et les flots doucement sont venus la poser,
La sirène endormie a glissé sur la grève
Pour reposer enfin sur cette terre aimée…
Qui saura d’où elle vient ? ils sont tant à le faire
Ce voyage éperdu vers un monde meilleur,
Aux confins des abysses leurs ombres solitaires
Ont trouvé cet Eden où sont libres leurs cœurs…