Tout d’abord,
Se saisir d’un parchemin à la blancheur virginale,
Contempler son grain,
Promener son regard.
Caresser de ses mains la douce âpreté du vélin.
Sentir son odeur glisser dans les narines
Et chatouiller les muqueuses d’un effluve alcalin.
Ensuite,
Se saisir d’un pinceau à l’allure docile,
Le tremper un instant,
Qu’il se gorge du pigment.
Cajoler le papier de cet instrument futile
Qu’il s’abreuve du nectar,
S’en nourrisse et exalte l’accomplissement.
Puis,
Se saisir d’un bonheur,
D’un petit moment heureux,
Se rappeler cet instant de félicité
Et le coucher sur le papier.
Le border délicatement,
L’embrasser sur le front.
Enfin,
Remonter les couvertures,
Lui remettre sa peluche,
Ranger les jouets en pleine rébellion.
Ne plus faire de bruit, faire taire les perruches,
Vérifier le sommeil du petit bouchon,
Après, seulement quand tout est terminé,
Eteindre la lumière.