Le Ministre
Le vieux, c’est vigoureux. Ça cache son bien-être
Sous un cou de vieillard et une peau d’ancêtre.
Mais au vrai sachez bien qu’un ancêtre chenu
Vaut bien, dans le boulot, un jeune ou deux de plus !
Le Vieux
Viens voir un peu jeune corniaud
Si tu ressens mon mal au dos.
Le Ministre
Le vieux c’est pleins d’usage et de conseils gratuits.
Comme ça ne dort pas, ça travaille la nuit !
Les vieux c’est compétent, et puis ça les occupe.
Quant aux jeunes, tu vois, ils se sentent moins dupes.
Le Vieux
Tu viendras me parler civisme
Quand tu auras mes rhumatismes.
Le Ministre
Un vieux veilleur de nuit, c’est un emploi rêvé.
Passer la nuit gratuit ? Mieux vaut être payé !
En entendant craquer les os du vieux hibou
Le voleur va s’enfuir les jambes à son cou !
Le Vieux
Plus bête que ministre tu meurs !
Ils se chopent quand Altzeimer ?
Le Ministre
Le vieux français c’est bien la honte du pays.
En Europe, vois-tu, c’est le seul qui s’ennuie !
Partout ailleurs dit-on, portes, maisons, fenêtres
C’est boulot réservé pour les plus vieux ancêtres.
Le Vieux
Viens ici Europe imbécile
Tâter mon pouls car il fibrille.
Le Ministre
Le seul européen à attendre la mort
En s’emmerdant tout seul et en rongeant son mors
C’est le papé français, le roi des imbéciles,
Qui n’attend pas cent ans pour faire un codicille !
Le Vieux
Viens ici crétin d’autocrate
Viens tâter un peu ma prostate !
Le Ministre
Et la vieillarde donc ? Que peut-elle bien faire
A part de cuisiner jusqu’à l’heure dernière ?
A y bien regarder, même Jeanne Calment
Aurait pu fabriquer cinq ou six beaux enfants !
La Vieille
Ô pauvre couillon majuscule
C’est toi qui donnes les ovules ?
Le Ministre
Bref le croulant français est un vieillard honteux,
Le seul à fatiguer, à devenir gâteux.
Partout ailleurs, c’est l’air ou le mode de vie,
Les vieux à l’étranger gambadent à l’envie !
Le Vieux
Ô ministère malfaisant
Viens visiter mes fausses dents,
Viens un peu ministre funèbre
Entendre craquer mes vertèbres !
Et dis-toi bien tout compte fait
Qu’un vieux ferait moins de méfaits
S’il s’occupait, ah ! Quelle audace !
De ton portefeuille à grimaces.
A ta place avec gentillesse,
Il respecterait... la jeunesse !