Je vais parler d’un temps de nos jours oublié
Quand la mère Richard jouait à la poupée
Du bon vieux temps des maisons closes
D’une époque bénie de bordels, de boxons
De filles qui clamaient, en montrant leur téton
"Viens donc y toucher si tu l’ose"
Le Maire ou le curé, le patron, l’ouvrier,
Dès les vêpres finies quand les cloches sonnaient
Courraient à la maison de passe
En voiture à vélo en carrosse ou à pied
Qu’importe le moyen chacun d’eux s’y rendait
Là-bas pas de lutte des classes
Et ces filles de joie disaient en aparté
Mieux vaut louer son corps pour qu’ils prennent leur pied
Que d’astiquer des casseroles
Infirmières des cœurs et des corps en détresse
Au surnom mérité de reines de la fesse
D’artistes de la gaudriole
Parole fût laissée aux donneurs de leçons
Fustigeant le pêché et la fornication
Aux grands prêtres de la morale
Ils ont dit que les filles de petite vertu
N’ont rien à faire ici leur place est dans la rue
Erreur on ne peut plus fatale
Fini le velours rouge, la tiédeur des boudoirs
Leur nouvel horizon fut le gris des trottoirs
Qu’elles arpentaient en cadence
Devenant par là même la proie des souteneurs
De la maréchaussée ou bien des maraudeurs
Amère fût la pénitence