Dire en alexandrin, ce n’est pas difficile,
Qu’on se nomme Benoît, qu’on s’appelle Basile
Il suffit prestement de trouver le bon mot,
Pour très rapidement en faire la démo !
Je me croyais perdu, mais à quoi bon s’en faire
La providence est là pour me tirer d’affaire
Être curieux de tout et n’avoir peur de rien
Si la rime te manque, alors siffle ton chien !
Pour sauver l’hémistiche, avec astuce et grâce,
Préfère l’animal à ta muse en disgrâce
Car, vois-tu, volontiers pour toi il aboiera
Si tu dois enchaîner par "qui a bu boira !"
Oui ! notre bon français aime la rime riche
Toujours venant à point, et même si l’on triche,
Quitte à perdre le fil, le sens de son propos,
Rechercher le bon mot sans trêve ni repos.
"Pour sûr, me direz-vous, cela paraît facile
Mais aussi « faut avoir » le langage gracile
Et d’aucun ne saurait le ver amadouer
Ni de la poésie les rimes embrasser.
Bien que je reconnaisse avoir l’âme sensible
Dire en alexandrin me serai-il possible ?"
Mais bien sûr mon ami, à la fin du repas
Pour aller d’un bon pied, marchez donc à grand pas.
Après un bon sommeil, il suffit d’une image,
Un lever de soleil pour garnir votre page,
Au poète exigeant, le boire et le manger
Confèrent à coup sûr la gloire sans danger.
Une fleur qui embaume alors que l’aube pointe,
Voici qu’une idée manque, un crayon qu’i s’appointe
Peut sauver votre vers d’une fin en défaut
En contant de sa mine un envol du gerfaut.
Échangez donc vos chiens contre de jolies biches
Pour clamer avec moi : "On ne prête qu’aux riches."
Ainsi donc saurez-vous comment la modeler
Et de la poésie les rimes dérouler.
Daignez que je vous conte une mésaventure
Qui m’advint, pour de vrai, et non pas en peinture :
J’eus envie de cerises, un beau fruit savoureux
Qui mûrit au printemps et j’en suis amoureux.
Tout près du cerisier pour en faire cueillette
Sous le ciel du printemps je suis resté tout bête,
Car pour monter à l’arbre il me manquait un pied,
Je du donc me contraindre à grimper au figuier.
C’est ainsi qu’au printemps, mes figues je les mange
Et bien que malheureux, tant l’envie me démange,
Pour goûter ma cerise il n’est que les hivers.
Car hors la froide bise un pied va de travers.
le 26/09/2005