Elle a pour nom Circé, on la dit polyglotte.
Elle manie les langues avec application.
Nul besoin de sonner pour pénétrer sa grotte,
Les marins s’y attardent avec délectation.
Aurait elle eu assez au bon temps d’Hérodote,
De ce bon vieil Ulysse et de ses compagnons ?
Aurait elle conquit Jason et Argonautes,
Pour calmer l’appétit de sa chère toison ?
De la poupe à la proue, jamais elle n’ergote.
S’offrant sans retenue au moindre moussaillon.
Elle tient bon la barre entre ses deux menottes
Et pourrait se damner pour un mat d’artimon.
Qu’ils soient de la navale ou de l’aéroflotte,
Maniant la gouverne ou le manche d’avion,
Qu’ils pratiquent la voile ou bien le rase motte,
La vue d’un uniforme fait pointer ses tétons,
Elle ouvre un large bec, découvrant ses quenottes
Et leur lance une invite pour aller au charbon.
Elle en épuiserait tout ce qui plane ou flotte,
Qu’ils voguent en armada ou volent en bataillon.
Sa marée se déclenche au moindre bruit de bottes.
Elle en ferait rougir même "La Madelon".
A la vue d’une pinne, s’en approche et s’y frotte,
Puis se fait pècheresse pour qui porte galon.
Bien que de mœurs légères, elle est loin d’être idiote.
Maitrisant l’art des nombre et des opérations.
Elle se multiplie pour honorer ses hôtes,
S’attachant à offrir à tous leur suc’traction.
Pour tous ceux qui en sont, dont on dit qu’ils mégotent,
Erigeant à genoux Sodome en Saint Patron,
Les tenant pour impies elle use de sa glotte,
Et sur l’air du clairon tente une conversion.