Voilà plus de cent ans, que j’occupe ces lieux
Un long siècle où je fus, le seul maître après dieu
Je suis un arbre séculaire
J’ai abrité les nids, des oiseaux qui m’habitent
Parfois pin parasol, les jours de grand zénith
Ce qui n’est pas une mince affaire
Ils appliquaient de l’or, sur mes pignes de pin
Lorsqu’arrivait Noël, pour orner leur sapin
Lui seul était de la parade
J’ai prêté mon écorce, au fils de la maison
Pour qu’avec sa promise, ils y gravent leurs noms
Attendri par leurs roucoulades
De mes branches ils ont fait, des feux de cheminées
Sous mes rameaux feuillus, ils se sont protégés
De Phébus et de ses morsures
Quand le maître des lieux, promenait son bâtard
La base de mon tronc, lui servait d’urinoir
Puis vint le temps des forfaitures
Lorsqu’ils m’ont mesuré, de leur mètre à ruban
J’entendis prononcer, le mot "lotissement"
Ils ont parlé de "bétonneuses"
S’il existe un bon dieu, pour les pins centenaires
Qu’il fasse que j’oublie, les chaînes dans ma chair
Quand mugiront les tronçonneuses
Si je pouvais choisir, ma réincarnation
Je voudrais être bois, d’où sortent les chansons
Celui dont on fait des guitares
Mais quelle destinée, m’auront-ils réservé
Finirais-je gourdin, ou manche de cognée
Tout ça me semble aléatoire