Combien de cris, de pleurs et de sombre tristesse
Faut-il à notre cœur pour apprendre à souffrir,
Combien de lourds malheurs pour apprendre à mourir
Et pour payer son prix un soupçon d’allégresse ?
Combien nous a couté la rime enchanteresse,
Le vers rempli d’espoir ou de vrai repentir,
De combien de sanglots et de vastes soupirs
Payerons-nous un vers de profonde tendresse ?
Les vers désespérés, les poèmes si beaux
Sont les rayons de l’âme aux portes des tombeaux.
Rien n’est jamais gratis, tout se paye en blessures.
Si l’art porte avec lui quelque reflet divin,
C’est qu’il est plein d’horreurs, de deuils, de meurtrissures
Et les chants les plus beaux sont les fleurs du chagrin...