Un petit chalutier entre Belle-Île et Sein
Dont l’étrave carmin fend les flots gris d’Iroise,
Sur la poupe est inscrit, un nom, « La Belle-îloise »,
Le surnom d’une amie, un souvenir lointain.
Un cieil couleur d’acier qui brave l’océan,
Une mer déchaînée, des murailles d’eau grise,
Dans les odeurs de fuel et le froid qui dégrise,
L’homme devenu nain s’amuse des géants.
Sur le pont un marin fredonne un air ancien,
La chanson qu’il chantait avec un de ses oncles,
Quand il partait enfant ramasser des pétoncles
Et qu’il croyait encore être un jour musicien.
Près d’un nuage noir vole un grand albatros,
Le fantôme dit on, d’un gars de Loctudy,
Un gosse de vingt ans, un bel après midi,
Emporté par la mer, deux jours avant ses noces.