Dire "je t’aime", ce n’est qu’un sale quart d’heure à passer
Car lorsque c’est vrai, il y a avant le Diable à faire trépasser !
Il ne faut pas rêver ; la Bête ne se laisse jamais aller
A vous regarder prendre l’Amour qui jadis l’a chassée
De chez elle : le Paradis, où autrefois elle habitait
En compagnie de son nombril, et de tous ses forfaits...
Qui étaient tous des petits anges muselés
Par les grandes ombres de ses ailes azurées...
Dire "je t’aime" pour de bon, c’est tirer hors du fourreau l’épée,
Pour tenter avec d’aller défaire, comme dans une épopée,
Les lacets noirs et tenaces faisant pendre les rideaux d’obscurité
Nous couvrant le visage pour nous cacher ses traits de cruauté.
Le Diable est certes rapide, mais il ne sait plus aimer ;
D’aimer il a tout oublié, sauf comment avec nous asservir intégralement
Si nous ne trouvons pas le courage d’employer aimer absolument
Dans notre combat contre lui, en disant "je t’aime" d’un coup entier.