C’était une nuit d’hiver où il pleuvait.
Je regardais la rue depuis ma fenêtre,
D’où me parvenait un doux et mystérieux froid.
Mon âme s’enivrait, et je me sentais comme un roi.
Mais cela allait bientôt disparaître,
C’est le temps qui allait m’en priver.
A ma fenêtre, j’écoutais la musique de la pluie, grisé,
Les yeux fermés, noyé dans le délice, et je me disais :
« Ah ! Puissent moi et lui s’unir pour assez longtemps ! »
Mais j’allais, certes, me fléchir à la loi du temps ;
J’avais bien à répondre à l’appel du sommeil,
Mais le délice était si fort qu’il suscitait mon éveil.
Entre « rester à ma fenêtre » et « la quitter », il fallait choisir,
Mais sitôt je m’éloignait d’elle pour aller dormir,
Sitôt j’y revenais, empli par une nostalgie fort intense,
Mais hélas ! Le délice qui m’envahissait, était en partance.
Après tant d’hésitation, arriva le moment dur ;
J’ai quitté ma fenêtre en perdant la bataille,
Et je sentais alors dans mes entrailles,
Une sorte de regret, « une douce blessure ».