Ils vont par bandes lentes et meutes sonores
Les enfants des cités qui viv’ leur nuit dehors
Dans un monde obscur, sans passé, sans futur ;
Ils dansent aux cadavres incendiés des voitures
Et célèbrent les soirs une noce de haine.
Il y a celui qui sniff’, il y a celui qui tire,
Il y a le gris qui taxe et le petit qui peine
A suivre les copains et ses jambes étire ;
Et y’ a celui qu’est mort d’une ball’ légitime
Tirée par un keuf saoul qu’on appelle « victime ».
Il y aussi ton fils ou ta fille peut-être,
Selon que le hasard lui a permis de naître
Dans un de ces quartiers qui préparent Sciences Po
Ou, malheureusement, de l’aut’ côté de l’eau,
Là où l’horizon ressemble à une décharge
Dans laquelle on déverse tout ce qui est en marge
Pour ne pas déranger, pour ne pas abîmer
Le confort abrité, les belles allées larges
De ceux qu’ont le bon goût d’êt’ des privilégiés.
2002/2007