Et toi, d’où parles tu ?
Sur quel morne blasé par des siècles de pluie
as-tu hissé ta voix
les mains au bord du cri
volant où l’horizon et la mer se tutoient ? J’écoute ma mémoire de petite fille
les gestes inclassables
sur les beaux cahiers
le petit chant violet et l’odeur à soûler
de l’encre en son flacon taillé comme un saphir
je revois mes colères et les plumes cassées
si les mots ou les signes
rechignaient à me peindre la pourpre faucille
des oiseaux colibris sur le frangipanier. Et toi, que parlais-tu
sur ton Ile Pascuan, Caraïbe ou Manille ?
Etais-tu comme moi, les mains griffées de sable
chinant au fond du sol quelque pierre friable
qui inscrirait tes mots sur un morceau de bois ? J’écoute mes prières d’insatiable enfant
jouant à la marelle
au creux du calepin
attendant que surgisse un merveilleux lapin
pour effacer d’un coup les navrantes querelles
de robinets ouverts sur de l’imprévoyant. Je t’imagine assis comme sont les Premiers
avant-bras alourdis et les genoux pliés,
le regard en piolet dans la terre brûlée par la glace, le feu
sur la langue les sons qui essayent de dire
la teinte de la peur, la profondeur des vies se pressant sous ta peau et le goût des nuages. J’imagine tes doigts
fatigués de creuser les énigmes du monde
se reposer parfois sur l’aventure blonde
de graminées en fruits poussées là par hasard
j’imagine tes yeux
cherchant dans l’eau qui coule
les voix de l’autre soir ou de l’avant pensé... Rien qui nous restitue la chaleur du grand feu
la peau de ton aimée et ses lèvres si douces
rien qui nous dise encore les triangles de mousse
amenés par la brume entre deux galets bleus. Et toi qui t’essayais
à toutes ces semences, à tant d’abécédaires,
de credo maladroits à saisir ce qui coule
d’un corps prêt à tomber en marche sur la grève
son ombre qui se noie encore sous l’écume
alors qu’il n’est plus là
depuis longtemps
déjà
as-tu hissé ta voix
les mains au bord du cri
volant où l’horizon et la mer se tutoient ? J’écoute ma mémoire de petite fille
les gestes inclassables
sur les beaux cahiers
le petit chant violet et l’odeur à soûler
de l’encre en son flacon taillé comme un saphir
je revois mes colères et les plumes cassées
si les mots ou les signes
rechignaient à me peindre la pourpre faucille
des oiseaux colibris sur le frangipanier. Et toi, que parlais-tu
sur ton Ile Pascuan, Caraïbe ou Manille ?
Etais-tu comme moi, les mains griffées de sable
chinant au fond du sol quelque pierre friable
qui inscrirait tes mots sur un morceau de bois ? J’écoute mes prières d’insatiable enfant
jouant à la marelle
au creux du calepin
attendant que surgisse un merveilleux lapin
pour effacer d’un coup les navrantes querelles
de robinets ouverts sur de l’imprévoyant. Je t’imagine assis comme sont les Premiers
avant-bras alourdis et les genoux pliés,
le regard en piolet dans la terre brûlée par la glace, le feu
sur la langue les sons qui essayent de dire
la teinte de la peur, la profondeur des vies se pressant sous ta peau et le goût des nuages. J’imagine tes doigts
fatigués de creuser les énigmes du monde
se reposer parfois sur l’aventure blonde
de graminées en fruits poussées là par hasard
j’imagine tes yeux
cherchant dans l’eau qui coule
les voix de l’autre soir ou de l’avant pensé... Rien qui nous restitue la chaleur du grand feu
la peau de ton aimée et ses lèvres si douces
rien qui nous dise encore les triangles de mousse
amenés par la brume entre deux galets bleus. Et toi qui t’essayais
à toutes ces semences, à tant d’abécédaires,
de credo maladroits à saisir ce qui coule
d’un corps prêt à tomber en marche sur la grève
son ombre qui se noie encore sous l’écume
alors qu’il n’est plus là
depuis longtemps
déjà
qui étais
tu ?