Enfant, redresse-toi, regarde au loin la plaine
Retrouve cette joie qui te faisait sereine
Affronter les tourments.
Je sais, Mère, je sais, pourquoi ai-je si mal, pourquoi dedans ma gorge monte un grand galop noir qui scelle sur son passage les envies de clairières, les envies de baisers, et de ses sabots crus découpe dans ma chair des trajets de biseau ?
Enfant, redresse-toi, relève un peu la tête
Tu es sur le chemin le plus dur qui s’apprête
A te sortir du rêve.
Je sais, Mère, je sais, mais un étau de pierre écrase mes racines,
mes ramures ne sont que larmes dans la pluie et mon corps se referme et mon ventre s’écorche de ce qu’il se refuse et ma voix en prison..
Enfant, redresse-toi, tu es une Cheyenne !
Respire le grand vent qui porte le mustang
Blanc à la douce haleine.
Je sais, Mère, je sais, qu’il fait mal ce chemin que j’emprunte qui brûle sous mes pieds et me déchire toute et me donne l’envie de mourir chaque instant...
Enfant, regarde-le de tes yeux grands ouverts,
Ce chemin c’est le deuil.
C’est un chemin amer.
Sors de cette folie où il t’a emmenée,
Sors de cette démence !
Il voudrait te convaincre que silence
Et présence
Sont une même chose ?
Pauvre sotte ! Et tu l’as cru dans ta naïveté ?
Sors de cette folie, enfant, il en va de ta vie.
Sors vite, enfant, sors vite
Sinon tu vas mourir.
Tu tisses de ton corps le meurtrier linceul
De ce qui dans sa bouche n’a été qu’un jeu.
Il a joué avec toi, enfant, il a joué,
Jamais il ne t’a aimée, jamais.
Ni d’amour, ni d’amitié, ni même d’estime.
Il n’est qu’un papillon
Qui sème ses brûlis
Sur âmes passagères
Abandonne au passé cette pauvre chimère
Parce qu’il serait folie
De la laisser en vie.
Et de vie on n’a qu’une
Ronde comme la Lune
Et noire certains jours.
Je sais, Mère, je sais, donne- moi cette force que j’ai oubliée, aide moi à créer de cette source ardente une eau tiède apaisante, aide moi.
Une Cheyenne ne pleure pas
Enfant,
Eteins pour toujours ce feu, piétine-le, écrases-en les braises
Oublie le..
Redresse-toi !