Même peau, mêmes seins, même enfer pour les saints,
Mêmes ciseaux de chair gainés de nylon fin
Pour découper les cœurs, mêmes pièges coquins ...
Qualifieraient dit-on, l’éternel féminin.
C’est oublier que l’homme fit la femme ainsi,
Auberge de plaisir ouverte pour sa faim !
Mais aujourd’hui la dame à l’Adam joue aussi,
Elle fait son marché parmi les mâles saints,
Porte un pantalon, ameute l’étalon,
En un mot se comporte aussi mâle que nous.
Et voilà ce qui rend certains des nôtres fous !
Stupeur dans les chaumières, colère en les mosquées,
Vigie -pirate au lit ! Les beaufs de tous pays
Et de toutes couleurs en oublient la télé,
Eux qui croyaient croiser en rivages conquis !
La femme se mérite, elle n’est pas objet ;
Et tout autant que nous, elle fait de son corps
Ce qui lui semble bon. L’homme est-il un goret ?
La femme est son égale, et sans aucun remords.
C’est ainsi que l’on somme l’homme que nous sommes
D’être plus que cochon qui en nous fait un somme.
Rois nus abandonnés, j’entends d’ici vos plaintes !
A Dieu faisons appel, cachons leurs lèvres peintes,
Et les plus vils seront enrôlés en tournantes
Pour bien marquer la meuf d’une marque infâmante.
Sous-hommes effarants qui portez fièrement
Très haut la bêtise, vous perdez votre temps.
Remèdes à l’amour, légion d’anti -amants,
Vous annoncez la fin du règne des Adam.
C’est alors que viendra le règne des amants.
Je vois dans cette pièce une femme qui entre ...
Voici ce que feriez si aviez cœur au ventre :
Lui parler autrement que les mains au valseur !
L’amener doucement, avec les mots du cœur,
Vers le lit des amants aux soies de Lune teintes ;
Préparer tendrement, au carillon des plaintes,
Le seul combat qui vaut, qui s’appelle une étreinte.
L’aimer en son entier, bien au-delà du corps,
Pour que, nos os blanchis, un jour, il flotte encore
Un parfum d’infini de fleur énigmatique
Qu’un dieu respirera d’un air mélancolique.
La fleur énigmatique de l’éternelle femme
Qu’un jour, en un jardin, a respirée Adam.
Septembre 2006