FEUILLE MORTE

Depuis plusieurs minutes, je suis assise devant la fenêtre, pensive, rêveuse.
Une toute petite feuille d’arbre capte mon regard. Le vent d’automne s’est levé et la petite feuille frémit, tremble, sent que son dernier jour est arrivé.
Elle résiste pourtant, autant qu’elle le peut, s’agrippe à sa branche, se recroqueville, mais Sa Majesté le Vent l’a repérée et fonce aussitôt vers elle.
Il l’arrache d’un coup sec, et puis, tel un chat avec une souris, s’amuse à jouer avec elle. Elle s’envole vers le haut, poussée par un souffle léger, puis tout à coup, redescend en vrille, repart de plus belle vers son arbre, essaie de s’y accrocher… retombe, repart vers le haut, voltige, vertige…
Bientôt Eole ne s’amuse plus et d’un coup de patte l’écrase sans pitié sur la pelouse.
Elle est là, elle ne bouge plus, c’est fini… le peu de sève qui lui restait s’écoule doucement, elle attend la fin.
Je la prends au creux de ma main, je la réchauffe, lui parle, la réconforte.
Que puis-je faire encore ? C’est trop tard, il faut la laisser partir.
Cette petite feuille ballotée dans tous les sens par les tourments venteux, est-ce moi ?