Je vins par la fenêtre ouverte de ma mère,
Dans l’éclair étouffant d’un jour de sirocco.
Oh, mes vagissements n’éveillèrent d’écho
Que le temps d’un adieu, dans les yeux de mon père.
Je grandis à la fenêtre verte de la mer,
J’ai laissé mes empreintes au sable et sur les eaux.
C’est là-bas que mon cœur prit son premier bateau,
J’ai vu les voiles blanches aux portes du désert.
J’ai pâli aux fenêtres rouges de ton sang,
Quand j’ai vu se coucher le jour de ton regard.
Aux vitres d’or du crépuscule éclaboussant,
J’ai collé pour jamais mes visages hagards.
J’ai rêvé aux fenêtres frivoles du vent,
J’ai pris cent fois le large, mille fois j’ai versé ;
Dix mille fois veillé sur le gaillard d’avant.
J’ai compris que la vie est un rêve insensé.
Je vieillis comme vous aux fenêtres obscures,
Attendant que se taisent les ombres qui murmurent.
Mais un jour, je naîtrai des fenêtres du temps,
Car l’amour, ce phénix, ne meurt jamais longtemps.
2003