Chaque jour qui passe nous rapproche,
De notre ultime étape,
Nous sommes des voyageurs éreintés,
Par la longueur du chemin ,
Par la lenteur de la caravane,
Nous sommes des pelerins,passants par la vallée du temps,
Empruntant une piste millénaire,
Chaque jour le vent apporte sa provision de sable,
Effaçant les traces de ceux qui nous devancent,
Ensevelissant à jamais,leurs joies et leurs tristesses,
Leurs victoires et leurs défaites,
Leurs illusions et leurs rêves,
Nous cheminons dans cette vallée bordée de collines,
Dont la hauteur protège nos bivouacs précaires,
Parfois nous en faisons un promontoir,
Pour scruter l’horizon,à la recherche de ceux,
Qui sont passés avant nous,
Et planter quelques signes pour ceux qui nous suivent,
Comment ne pas céder à l’ivresse de cette altitude ?
Comment ne pas se croire plus grands ?
Puisque voyant plus loin,
Pourquoi ne pas juger plus petite la caravane ?
Là bas,en bas dans la vallée ;
Nous sommes tentés d’y édifier une cité,
Qui nous tiendrait prisonniers par la fraicheur de ses murs,
Une cité où les pelerins feraient halte,
Nous narrant leur voyage autour d’un feu de bois le soir,
Et nous demandant leur chemin au petit matin ;
Nous serons tentés d’y rester à jamais,
Nous oubierons alors pourquoi nous sommes venus ici,
Au crépuscule de notre vie,au lieu de mourir,
Sur les grands chemins,où le vent,
Pousse au loin nos rêves et nos éfforts,
Pousse encore au loin vers les étoiles,
La poignée de poussière que nous sommes,
Captifs,nous resterons pourrir sagement,
Dans des caveaux sombres à l’abri des bêtes sauvages,
Il ne restera de ces prisonniers,que nous sommes,
Qu’un nom sur la pierre dure et froide.
Les collines,sont les idées,
Les cités que nous y batissons,les dogmes,
Les prisonniers,ceux qui prennent parti,
Comme l’on prend racine,
Ou comme on s’attache à un endroit,
Parceque l ’on croit y être né,
Alors qu’on est frères du vent qui passe,
Fils de la lumière qui réchauffe,
Engendrés pour maintenir la caravane en marche ;
Pourtant,il faut construire cette margelle,
Pour que le sable ne bouche pas le puit,
Bâtir,la cheminée pour abriter la flamme,
Qui réchauffera nos nuits et nos cœurs,
Etablir,ce pont pour que la route enjambe le torrent,
Construire,cette digue qui protègera la piste,
Mais gardons nous de ce que l’œuvre de nos mains,
Nous distraie de la route,
Car nous sommes ici pour marcher,
Avancer sans cesse ;
Si au petit matin,la muraille de la cité,
Nous empêche de passer,
Sans aucune hésitation,détruisons la,
Fût elle l’œuvre la plus précieuse,
Et partir sans se retourner.
Toute ta vie tu as souffert pour batir cette demeure,
Afin de te rafraichir le soir venu,à l’ombre de ses murs,
Oubliant que chaque pierre posée,
N’était qu’un boulet de plus à tes pieds,
Qui t’empêche de continuer ton chemin,
La satisfaction d’aucun bien ou désir,
Ne peut procurer de contentement durable et inalterable,
C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant,
Elle lui sauve aujourd’hui la vie,
Pour prolonger sa misère jusqu’à demain ;
Tu attends un supplèment de salaire,
Et tourné vers ton attente ,tu oublies la piste,
Tu oublies de marcher à la rencontre de la lumière en toi,
Tu oublies la caravane.
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