Il éxiste des élégances coupables,
Il éxiste de pieux mensonges,
Ainsi que des lâchetés habiles,
Il éxiste aussi des pulsions cellulaires néfastes,
Et les impuretés d’une éxistence physique,
Dense et grossière,
Je ne sais pas si je suis vierge de tout cela,
Je ne le crois pas,
Je sais seulement que ma vie est tissée de faiblesses,
D’aveuglement et d’humble humanité,
Elle est entachée de toutes les petites fautes,
Que nous commettons un jour ou l’autre,
Elle est minée aussi par des colères injustifées,
D’envies,de violences inutiles,de désirs stériles et éphèmères,
Et de tant d’autres choses pires et inavouables ;
Je suis conscient de cette part de ténèbres en moi,
Mais aussi de la lumière de la miséricorde,
De l’amour qui lave ces laideurs,
De son eau limpide et miraculeuse,
Tout cela en un éclair de temps,
Celui de la rencontre,
Où je plonge dans les replis de ses moments intimes,
Où le bien et le mal,ténèbres et lumières,
Sont conciliés,
Durant cet instant rien n’occulte le chemin vers LUI,
Rien ne peut m’empêcher de m’anéantir en LUI,
Pas même ma laideur,
Le cœur éreinté et tiraillé par la culpabilité,
S’apaise et se laisse prendre dans les filets de sa beauté,
Qui engendre une métamorphose douce et sereine,
Je deviens cet alchimiste qui découvre soudain sa pierre philosophale,
Je ne veux pas parler ici de morale,
Ou de tocsins d’église,
Ou de prêches à l’emporte pièces,
Ou de chemin vers je ne sais quelle sanctification ;
Disons tout simplement que c’est la rencontre :
De l’amant et de l’être aimé,
Assis autour d’un banquet divin,
S’énivrant au vin de l’amour,
tout en chantant ce cantique :
"Nous avons bu à la mémoire du bien aimé un vin,
Dont nous nous sommes énivrés avant la création de la vigne,
La pleine lune est son verre,et lui est un soleil,
Que fait circuler un croissant,
Que d’étoiles resplendissent quant il est mélangé,
Sans son parfum je n’aurai pas trouvé le chemin de ses tavernes,
Sans son éclat,l’imagination ne pourrait le concevoir."(*)
Et je disparais,
Il ne rèste plus de ma faiblesse humaine,
Que de simples vestiges,
Emportés par le vent de sa miséricorde ;
Subsiste uniquement ce désir qui éfface tous les autres,
Celui de se laisser façonner dans le tendre cœur à cœur de la prière,
De se laisser consumer par cette douce flamme d’amour,
De se laisser fasciner par la beauté dans toute son immanence ;
Voici sans doute le secret du bonheur,
Laissons nous tout simplement aimer par LUI,
Laissons le pénètrer notre intériorité,
Et caresser notre cœur,
Laissons le nous bercer de sa tendresse,
Sans aucune pensée parasite,
Sans aucune négoce fructueuse ou déféctueuse,
Sans aucune crainte ni désir,
Sans aucun chauvinisme,
pour s’approprier une vérité qui appartient à tout le monde,
Sans aucune distinction quelconque,
A mon humble avis,c’est cela que signifie méditer ;
Tu seras comblé sans besoin ni regret,
Lorsque la lumière qui t’habite,
Deviendra plus manifeste que ton corps,
Lorsque tu seras simple et un,
A quoi bon regretter de n’être déjà ce que tu étais,
Et sera dans l’étérnel présent ;
Ouvre simplement tes ailes à l’aube de chaque jour nouveau,
Et laisse toi porter jusqu’au couchant,
Rends lui grâce à chaqu’un de tes souffles ;
Son amour fera le reste.
(*):Tiré de "l’éloge du vin" du grand poète mystique arabe OMAR IBN AL FARID nommé aussi "le sultan des amoureux",le vin est synonyme de l’amour divin chez les soufis musulmans.