Subtil mélange de noir et blanc
Et parfois de bois révêtu et usé par le temps
J’aime que des petits doigts hardis
S’empressent de composer sur mon tapis
De grands hommes remplis de talent
Se sentant inspirés bien souvent
Ont frôlé avec délicatesse et doigté
Mes touches demandant une grande sensibilité
Parfois mes entrailles me dérangent
L’humeur badine de l’artiste change
Les mains s’agitent et frappent
Les cordes chauffent, la douleur me happe
En un instant, la quiétude de la pièce
Cède la place à un cortège d’allegresse
Les notes explosent, clinquantes, affolées
Tel un vol de papillons un beau jour d’été
Puis, fatigué, le vieux piano gémit,
Implore le compositeur fou, le supplie ;
Ces somptueuses envolées ne sont plus de son âge
Même si il les a aimées sans partage
Comme toute chose, il a fait son temps
Se délectant de chaque mélodie, pleinement ;
Aujourd’hui, il est l’heure pour lui
De se retirer sans une larme, sans un bruit