Etant Blanc et Français, je suis, bon gré mal gré,
Descendant de ces hommes appelés négriers
Qui partant de Gorée ou du Golfe de Guinée
A une époque somme toute peu éloignée
Commirent, cela personne ne peut le nier,
Sans doute le plus grand crime contre l’humanité.
C’était, il va sans dire, les mœurs d’un autre temps
D’un monde « civilisé » dominé par les Blancs
Qui, pénétrant l’Afrique, firent de ce Continent,
Aidés le plus souvent par de puissants Sultans,
Un réservoir d’esclaves que de riches marchands
De Nantes ou bien d’ailleurs transformaient en argent.
Hommes, femmes, adolescents en longues caravanes
Razziés sans coup férir au fin fond des savanes
Sous les yeux effrayés de jeunes enfants en larmes
Cheminaient enchaînés, hébétés par ce drame
Bien souvent escortés par de faux frères en armes
Jusqu’à l’embarquement sur des voiliers infâmes.
Et quand après une longue et tragique traversée
Les esclaves décimés touchaient enfin les quais
Sur ces terres d’Amérique se tenaient les marchés
Où le marteau d’ivoire scellait la destinée
De ces femmes, de ces hommes, Africains arrachés
Au vieux Continent Noir qu’ils n’auraient dû quitter.
A tous ces pauvres hères déportés par millions
Victimes innocentes de notre vieille nation
Il est bien sûr trop tard pour demander pardon
Ou simplement vouloir porter réparation.
Mais si j’écris ces lignes, c’est pour dire« Attention,
L’esclavage moderne sévit sous d’autres noms ! »