Sous mon doux ciel d’hiver
une odeur de cidre me revient
je vois à nouveau le ciel et la mer de Normandie
si froids et si prenants
la mer encore et encore se frotte aux rochers
se découpe de l’horizon pour donner naissance
à de nouveaux visages
Laissant ça et là des traces sur le sable doré
blancheurs d’une écume vieille comme la vie
et toujours nouvelle
chaque vague porte en elle
les espaces lointains et un goût de sel
puis, plus loin encore, se dessinent les couleurs
du potager de mon grand-père mêlées à la pâte à crêpes
de mamie
Mes yeux dans la mer et les siens dans les miens
le temps, les tracas, la joie n’ont plus cours
c’est un jardin secret qu’elle est seule à connaitre
où Liberté revient si souvent
là où tout est encore possible, songes et réalité
ne formant qu’un
dans la rivière de mon amour
elle oublie tout et m’oublie avec elle
la danse des nuages, le cri des mouettes et le roulement des coquillages
ne sont plus que murmure
rapporté par le vent, ce sublime messager
qui voyage sans fin
Le seul astre lumineux
c’est cette mer, d’eau et de sel
d’infini et de liberté
miroitant sur les parterres de mon enfance
et déplaçant sans cesse les éléments
au gré de ses envies
Fille de nulle part et de l’Océan
je laisse son histoire et sa paix
envahir mon cœur, qui, limpide, coule à flots et à mots
au souvenir d’une bouteille de cidre