Venant de Port-Au-Prince un fauteuil à bascule,
Près de la porte grince au rythme d’un pendule.
Sur son dossier tressé, un châle de madras
Aux couleurs effacées négligemment dépasse.
Dans un courant d’air flotte un parfum de vanille,
Une odeur vieillotte, d’autrefois aux Antilles...
Quelques fruits sont posés dans une calebasse
Sans façon disposée sur une table basse.
Au fond de la chambre un lit d’acajou sombre,
Dont les reflets vieil ambre colorent la pénombre,
S’élève vers le ciel par quatre fins piliers,
Aux nuances de miel, tel un grand chandelier.
Une moustiquaire, à la couleur d’écume,
Ondule légère comme un voile de brume,
Porté par le souffle d’un alizé secret,
Qui sans bruit s’engouffre sous des volets discrets.
Sous le drap débordé, par instant se devine,
La jambe dénudée d’une jeune chabine.
Un ruban de satin, noué sur sa cheville
A la Saint Valentin, très doucement scintille.