Rebrousser chemin vers les sables doux blancs
De l’enfance vaut-rien
De l’enfance griffée
Muette comme le marbre
Attendant qu’une porte s’ouvre dans un arbre
Aux escaliers fuyants derrière l’écorce fauve.
Rebrousser chemin.
Emprunter cette route, mélisme grégorien,
Bordée de grands tableaux
Aux feuilles trop précises pour être de l’eau
Et m’arrêter un peu.
Cueillir dans le soleil
Le sang coquelicot du fugace vermeil
Emprunter cette route
Comme on tombe en sommeil.
D’une main plus légère qu’un pinceau traçant
Sur le vélin précieux l’or d’une enluminure
D’une main plus légère
Ouvrir le grand portail et prendre cette allée
Entre les marronniers.
D’une main plus légère encore entrebailler
La porte d’une grotte
Et entrer dans la pierre qui n’a pas de clef
Car elle s’ouvre seule
Alors...
D’une main si légère...
La maison de l’enfance était d’âme
Remplie
Les carreaux de Gironde sont encore frais
Des pas de l’autrefois ,
Il flotte sur le bois
De l’escalier
Ciré
La douceur attentive de mains ouvrageuses,
Il flotte dans les airs cette odeur tapageuse
De l’encens et du cèdre en cônes pétrifiés.
La maison de l’enfance
Comme elle est silencieuse.
Le porche est plus petit
Ou bien ai-je vieilli ?
Mon imagination serait -elle paresseuse ?
Mais le parquet soudain s’ébroue de ses nervures
Ici il reste trace de vieilles blessures
A faire rougir les murs
Aux oreilles curieuses.
Comme elle est signe anxieuse
ma chambre toute vide
Dans un coin apeuré se cache un cendrier
en sa panse de grès d’étranges mousselines, paroles assidues
complices de la terre
paroles à feu à sang
paroles de poussière
d’un souffle éparpillées
le long des plaintes
tues
Vif comme des empreintes
j’entends craquer le bois
des souvenirs châtrés avant d’avoir des rides.
Retrousser le chemin
Où se posaient mes ancres
Et sur le blanc très pur des muscles dénudé
Ecrire l’âme bleue qui sortait du plumier
En chemins buissonniers.