Je pars dans l’océan d’écume
Quittant mon port du bout des lèvres,
Vieux gréement sans amertumes,
Je vole sur des vagues d’orfèvres.
De grands vaisseaux blancs et criards,
Accompagnent bruyamment mon départ.
Ils frôlent mes voiles de leurs plumes
Comme la caresse du vent sur les dunes.
Le bois craque,
Ma coque griffe
Ce grand cloaque
Qui m’ébouriffe.
Le large enfin déroule son horizon
Jusqu’aux Amériques puis les îles Salomon.
Plus tard viendra la Polynésie, l’archipel des Tuamotu
Pour franchir le Cap Horn, le Cap des fous.
Mon mât se mettra au diapason
Du tropique du capricorne
Nous naviguerons ton sur ton
Jusqu’à l’Afrique et sa corne.
Le vent siffle
Les voiles claquent
Ma coque gifle
Les vagues attaquent.
Le pont ruisselle d’embruns blafards
L’écume s’étale en étendard,
Je tangue et roule sauvagement,
Dans les ornières de l’océan.
Et quand le soleil crève les nuages oppressants
De ses traits obliques de lumières dégoulinantes,
Je vogue sous les rayons ardents
Jusqu’à mon île, mon port de Nantes.