Je sais ton froid rivage, ô lac du temps perdu,
Et les cils des roseaux qui battent ton visage,
Quand le vent de mémoire ourle ton front chenu,
Troublant la nuit du cœur, approche de l’orage.
Ton silence est liquide ; arrachés de Méduse,
Les serpents des algues le peuplent de crinières
Qui semblent m’appeler de manière confuse
A noyer le chagrin qui brûle les paupières.
Tu brises nos reflets, comme faisait l’amour
Aux étoiles tombées qui s’enfuient du ciel vide ;
Et ne reste des cieux, transparence toujours
Plus lointaine qu’une eau que nous buvons avides.
Lorsque tes eaux sourient, que mon image tremble,
Et que ce vent se lève aux confins de mon âme,
Je sais que tu attends que mon pas nous rassemble
Et que je verse en toi le baiser qui me damne.
Juillet 2006