Le bourgeon sacré
A Katoucha Niane
Tel un rubis gemme d’amour
Dans un écrin berceau de vie
Bourgeon sacré, gland de velours
Bouton des sens brûlant d’envie.
Telle une fleur caressant l’onde
D’une rivière aux doux plaisirs
Pour que jeunesse au chaud ne fonde
Près de l’oiseau qui fait jouir.
Tel un appeau en apparat
Glissant sur l’eau d’une complice
Cherchant duvet et beaux appas
Gibier à plume à barbes lisses
Tel un soldat au mont Vénus
Près du fourré des juvéniles
Bravant l’assaut du flot des russes
En protégeant l’entrée fragile.
Tel un bonbon saveur groseille
Sucré salé par maquereaux
Mouillant les lèvres de merveilles
En salivant la libido.
Mais ce lotus en éclosion
Sous sa capuche au fier calice
Emeut la femme en pâmoison
Dans une extase ondulatrice.
Fleur déflorée par pieux ascète
Pistil blessé par marabout
Ecartez-vous de tout prophète
Qui rompt l’hymen sans son boubou.
Svelte africaine au corps sculpté
Défendez-vous contre l’outrage
Car excisée ou mutilée
Pas de plaisir sans doux voyage.
Et Katoucha nymphe d’ébène
Princesse Peule au fond de l’eau
Sur flot de pleurs dort dans la Seine
Auréolée d’un blanc halo.
Paisansage