Perché sur son étagère,
Dans son habit de poussière,
Le livre dort,
Abandonné à son sort.
Une tête qui se penche,
Déchiffrant le titre sur la tranche.
Deux doigts qui le tirent en arrière,
Zadig - Voltaire.
La couverture craque se dépliant,
Comme une charnière rouillée,
Un bruit un peu inquiétant
Dans la torpeur de cette fin d’été.
Les pages jaunies, racornies,
S’ouvrent, offrant au jeune lecteur
Que je suis, un parfum d’oubli.
Sans aucune pudeur.
Huit ans,
Je sais tout juste lire,
Onucs, Babylone, Myrrhe,
Tous ces mots inconnus,
Presque saugrenus.
Sous mon regard d’enfant.
Le livre dort,
Il s’éveille
Et m’émerveille
Mon livre d’Or.